lundi 12 novembre 2007

De retour à Caracas

Photo : Seb


De retour à Caracas après trois semaines passées en Belgique et me voilà replongé dans le quotidien passionnant du processus bolivarien. Avec un nouvel horaire de travail qui va, je l’espère, me permettre de reprendre un rythme de publications plus soutenu sur ce blog. J’espère en revenir au moins à un article par semaine, comme je le faisais au départ. L’actualité est comme d’habitude ici, très chargée. De plus, les esprits commencent de nouveau à s’échauffer autour de la réforme constitutionnelle proposée par le président Chávez. Un référendum est prévu pour le 2 décembre prochain.

Dans les grandes lignes, on retiendra cette semaine dans l’actualité, trois choses.

La première c’est la rencontre entre Chávez et un émissaire des FARC présent à Caracas, Iván Márquez. Le président vénézuélien s’est entretenu avec lui à plusieurs reprises cette semaine, ainsi qu’avec Piedad Córdoba, sénatrice colombienne. Chávez et Córdoba jouent le rôle de médiateurs sur le thème de l’échange humanitaire entre le groupe insurgé et le gouvernement colombien. On parle de 500 guérilleros détenus par le gouvernement d’Alvaro Uribe qui seraient échangés contre 47 à 50 prisonniers détenus par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), dont Ingrid Bétancourt.

Rodrigo Granda, "chancelier" des FARC, serait apparemment aussi présent à Caracas et se serait entretenu avec Chávez, mais il n’est pas apparu publiquement.

J’ai entendu parler également de la présence d’un émissaire français, envoyé par Nicolas Sarkozy pour négocier la libération d’Ingrid Bétancourt.

Je ne suis pas sûr qu’il s’agisse de Daniel Parfait, directeur Amériques et Caraïbes du ministère des Affaires étrangères. C’est en plus l’ex-ambassadeur français en Colombie et beau-frère de l’ex-candidate aux élections présidentielles colombiennes, Ingrid Betancourt.

Parfait avait déjà été reçu par Chávez le 4 octobre dernier, au Palais présidentiel de Miraflores. Je n’ai pas connaissance d’un nouvel entretien entre les deux hommes.

Le second fait qui a occupé l’actualité ces derniers jours, ce sont les déclarations du Général en Chef (retraité) Raúl Isaías Baduel, ex-ministre de la Défense, qui s’est publiquement déclaré contre la réforme constitutionnelle. Cette annonce a fait l’effet d’une petite bombe au sein du chavisme. Qualifié de "traître" par certains, d’autres lui reconnaissent cependant son droit à se positionner sur le sujet. Mais il est clair que l’opposition en fait ses choux gras et le porte maintenant en icône. Un ex-ministre, connu de plus pour être un proche de Chávez, qui retourne sa veste, c’est une aubaine pour la presse d’opposition.

La réforme en route

Le vendredi 2 novembre, la direction de l’Assemblée nationale a déposé la proposition de réforme constitutionnelle, modifiée et approuvée, au Conseil national électoral. Celui-ci est maintenant chargé de convoquer un référendum dans les 30 jours, comme le stipule la Constitution. La consultation populaire aura donc lieu le dimanche 2 décembre.

A la proposition déposée par le président Chávez le 15 août dernier qui modifiait 33 articles, l’Assemblée nationale a effectué ses propres modifications, en se basant sur les idées recueillies lors des rencontres avec la population et ses propres apports. Cela donne maintenant une réforme qui va modifier 69 articles sur 350 que compte la Constitution actuelle.

Ce qui va changer également c’est la forme du référendum. Il était prévu au départ que tout soit voté en un seul bloc. Il y aura maintenant deux parties qui seront votées séparément. La première sera celle présentée par Chávez et la seconde celle comprenant les articles proposés par l’Assemblée nationale (Parlement).

Dernière chose et non des moindres, le mouvement étudiant de l’opposition a repris du service dans la contestation. Ils ont manifesté à plusieurs reprises, notamment face au Tribunal Suprême de Justice (TSJ, équivalent de la Court Suprême) afin de demander le report du référendum. Ils ont été reçus par un des recteurs du TSJ et y ont déposé un document. Leur argument est que la population ne connaît pas assez la réforme pour voter en toute connaissance de cause (1).

Mercredi dernier les choses ont failli mal tourner. Des affrontements ont eu lieu entre étudiants à l’Université centrale du Venezuela (UCV), à Caracas. Des coups de feu ont été tirés et il y a eu 12 blessés dont trois par balle, heureusement pas de mort. Vous avez certainement dû en entendre parler dans la presse européenne, il paraît que Le Monde en avait fait la première page de son édition d’outremer.

Les versions varient beaucoup selon que le discours vienne du gouvernement ou de l’opposition. Apparemment, un groupe d’étudiants d’opposition ayant participé à la manifestation face au TSJ (qui s’était déroulée sans incident) est repassé par l’université. Un groupe de chavistes se trouvait dans la faculté de sciences sociales, ils étaient occupés à coller des affiches de campagne pour le "oui" à la réforme. Et c’est à partir de là que les versions différent. Qui a attaqué qui ? Une enquête à été ouverte et les ministres de l’Intérieur et d’Education supérieure se sont réunis vendredi avec les recteurs de plusieurs universités.

Ce qui est sûr c’est qu’un groupe à mis le feu à l’entrée de la faculté de sciences sociales. Et qu’un peu après, une quinzaine de motos ont débarqué avec des hommes armés et cagoulés tirant des coups de feu en l’air. Je n’en dirai pas plus, le reste ne serait que spéculations...

Note :

(1) Actuellement il n’est pas difficile de se procurer un exemplaire de la réforme, ceux-ci sont distribués gratuitement en centre ville à Caracas. De plus la campagne menée par le Parlement au moment des débats a été assez large et à touché plusieurs villes du pays, voire même des endroits plus reculés (Lire aussi sur ce blog "Réforme constitutionnelle et critique nécessaire"). Maintenant quant à savoir si tout le monde lis la réforme, c’est une autre question. Mais quoi qu’il en soit, la Constitution dans son article 344 stipule bel et bien que "le projet de réforme constitutionnelle approuvé par l’Assemblée nationale sera soumis à référendum dans les trente jours suivant son approbation".

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