Le président Chávez lors du discours de fin de campagne,
sur l'avenue Bolivar, à Caracas. (Photo: Seb)
sur l'avenue Bolivar, à Caracas. (Photo: Seb)
Après la défaite de décembre 2007 et le succès en demi-teinte de novembre 2008, le président vénézuélien, Hugo Chávez, a renoué avec la victoire ce dimanche 15 février. Avec une différence de près de dix points, les électeurs ont approuvé l'élimination de la limite de mandats pour le président, les maires, gouverneurs et députés.
"Nous avons ouvert de part en part les portes du futur!" C'est comme cela que Hugo Chávez s'est adressé dimanche soir à la foule rassemblée face au Palais présidentiel de Miraflores, après la diffusion du premier bulletin du Conseil national électoral (CNE).
Avec le résultat de ce référendum, la limite de deux mandats consécutifs pour toutes les fonctions électives est désormais supprimée. Le leader bolivarien, qui en est à son deuxième mandat, n'a pas tardé à confirmer son intention de se représenter.
"A moins que Dieu n'en dispose autrement, à moins que le peuple n'en dispose autrement, ce soldat est déjà précandidat à la présidence de la République pour la période 2013-2019", déclarait-il devant ses partisans qui scandaient "victoria popular" (1).
Le CNE a émis son troisième bulletin ce mardi, avec 99,75% des votes comptabilisés, le 'oui' l'emporte avec 54,86% (6 319 636 votes) face au 'non' qui totalise 45,13% (5 198 006), l'abstention se situant à 30,08%.
L'opposition atteint pour la première fois les cinq millions de votes. Le chavisme, quant à lui, perd un million de voix par rapport aux élections présidentielles de 2006 (7 309 080, son plus haut score).
Les partisans du 'non' confirment leur victoire de novembre dernier (2) dans quatre états: Zulia, Táchira, Miranda et Nueva Esparta. Ils ne rééditent pas la victoire acquise dans l'état de Carabobo mais la remplacent par une victoire dans l'état de Mérida. Cette fois, la circonscription du grand Caracas est restée aux mains du chavisme.
Rectifier le tir... enfin?
Dans son discours, le président Chávez n'a pas cédé au triomphalisme et a appelé à rectifier le tir "dans tous les domaines du gouvernement". Mais il a surtout abordé les thèmes qui lui ont fait perdre des points ces dernières années, fautes de résultats concrets pour la population.
"Je veux compromettre ma parole et celle de tous ceux qui m'accompagnent dans le gouvernement, (...) dans la bataille que nous devons mener avec plus d'intensité, plus d'efforts et surtout plus de résultats contre l'insécurité dans les rues, la lutte contre la corruption, la lutte contre le gaspillage, la lutte contre la bureaucratie, contre l'inefficacité".
On ne pouvait mieux résumer. Car si la majorité des Vénézuéliens a de nouveau soutenu le président (et le processus de changements sociaux qu'il incarne) dans cette épreuve électorale, les critiques ne manquent pas et se font de plus en plus présentes. Dès le lundi, à peine passée la période préélectorale où tout le monde fait bloc et prend son mal en patience, les critiques des auditeurs fusaient sur les ondes de la radio publique, Radio Nacional de Venezuela.
"Il faut faire le ménage dans le PSUV (Parti socialiste uni du Venezuela) de l'Etat du Zulia. Les dirigeants du parti ici ne représentent pas le peuple. Tant qu'on aura des dirigeants comme ça, on n'arrivera jamais à gagner le Zulia", se plaignait une auditrice parmi tant d'autres.
Mais aux abords du Palais de Miraflores le soir de la victoire, Alejandro, jeune travailleur d'une coopérative audiovisuelle, apportait déjà un élément de réponse: "L'efficacité et l'approfondissement de la révolution passent d'abord par une dépersonnalisation du processus".
Notes:
(1) "Victoire populaire".
(2) Voir sur ce blog: "Elections régionales au Venezuela: la bataille reste à venir".
Article publié sur le site de La Gauche le 18 février 2009