Portrait du "Libertador", Simón Bolívar,
dans la salle de presse du Palais présidentiel de Miraflores. (Photo: Seb)
dans la salle de presse du Palais présidentiel de Miraflores. (Photo: Seb)
Ce weekend, les Vénézuéliens seront de nouveau appelés aux urnes pour un référendum visant à supprimer la limitation du nombre de mandats des maires, gouverneurs et du Président de la République.
La Constitution actuelle, approuvée par référendum en 1999, permet deux mandants consécutifs à tous ces niveaux de pouvoir. L'amendement proposé par l'Assemblée nationale, s'il est approuvé le 15 février par la majorité de la population, permettra donc de modifier les articles correspondants.
En somme, rien d'exceptionnel, rien de plus que ce qui se fait déjà dans la plupart des pays européens (dans 17 pays sur 27 en ce qui concerne la réélection du chef de l'Etat). A la différence que le Venezuela continuera, quoi qu'il en soit, de jouir d'une Constitution qui permet la réalisation d'un référendum révocatoire à la moitié des mandats, à tous les niveaux de pouvoir.
Rappelons également que, depuis l'arrivée de Hugo Chávez à la présidence, les référendums sont devenus chose courante, alors qu'ils étaient inexistants auparavant dans la politique vénézuélienne (1). Depuis 1999, quatre référendums ont été organisés au niveau national, dont seul celui de 2007 sur la modification de 69 articles de la Constitution a été perdu (2).
Malgré cela l'opposition continue à jouer la carte de la peur du "régime castro-communiste" et de la "dictature". Depuis le début de la campagne, elle utilise une phrase de Simón Bolivar dans sa propagande. Ou plutôt elle utilise une demi phrase car elle n'hésite pas à la censurer pour servir ses intérêts.
"...Rien n'est plus dangereux que de laisser un même individu au pouvoir durant une longue période. Le peuple s'habitue à lui obéir et lui s'habitue à le diriger; de là naît l'usurpation et la tyrannie", peut-on lire sur les tracts distribués par les militants de l'opposition dans toute la capitale.
Ceux-ci ont d'ailleurs même baptisé leur équipe de campagne "Comando Angostura", du nom de la ville (aujourd'hui appelée Ciudad Bolívar) d'où, le 15 février 1819, le Libertador prononçait le discours dans lequel il cite cette phrase.
Et pourtant, les trois petits points qui commencent la citation sont loin d'être anodins, ils substituent la partie où Bolivar dit : "Les élections répétées sont essentielles dans les systèmes populaires" et il continue ensuite "car rien n'est plus dangereux que de laisser un même individu au pouvoir durant une longue période. Le peuple s'habitue à lui obéir et lui s'habitue à le diriger; de là naît l'usurpation et la tyrannie".
La manipulation se passe de commentaire...
Notes:
(1) Jusqu'en 1989, les maires et les gouverneurs des états (l'équivalent des provinces ou départements) n'étaient pas élus au suffrage universel mais désignés par le Président de la République!
(2) Ces quatre référendums sont : 1998, pour l'approbation de la convocation à une assemblée constituante; 1999 pour l'approbation de la nouvelle Constitution; 2004, référendum révocatoire à la moitié du mandat de Hugo Chávez; et enfin 2007, pour l'approbation de la réforme constitutionnelle qui fut rejetée à 51,05%.