mardi 12 mai 2009

Contre l'insécurité, du plomb et de la culture

"Contre le capitalisme et son industrie mercantiliste de la mort..." (Photo: Seb)

L'assemblée est réunie sur le petit terrain de football, juste au pied des tours du quartier du 23 de Enero, à Caracas. Des personnes venues d'autres quartiers et des sympathisants participent, mais peu descendent de chez eux pour discuter de la problématique qui rassemble les personnes présentes: "Pas un mort de plus au 23 de Enero".


La semaine dernière, trois personnes ont été assassinées en pleine rue, vers minuit. Parmi les victimes, un militant impliqué depuis de nombreuses années dans les luttes sociales. A l'époque, il avait même participé à la Révolution sandiniste au Nicaragua.


La manifestation et l'assemblée de ce samedi après-midi ont été convoquées par les collectifs de la zone, réputée pour ses luttes et son organisation sociales. A l'aide de hauts-parleurs, les intervenants invitent tour à tour les voisins à descendre de chez eux et à participer, sans avoir peur. L'idée est d'occuper les espaces afin de ne pas y laisser proliférer le trafic de drogue et la violence qu'il engendre.


Les discours tendent vers une récupération des espaces à travers la culture et l'organisation. D'autres sont plus radicaux: "Nous devons les combattre sur leur terrain. Et si c'est avec du plomb (des balles) ce sera avec du plomb, pas seulement avec la culture!", lance un intervenant. "La conformation des communes et des milices populaires, c'est le chemin de que nous devons prendre", rétorque un autre.


La scène se déroule sous l'oeil attentif d'un représentant du ministère de l'Intérieur et Justice. Accompagné par trois agents de la Police métropolitaine (PM), ils sont plus d'une fois pris à parti: "Je voudrais demander à nos 'amis' de la police ici présents: Quelle vente de drogue est clandestine dans le quartier? Aucune! Toutes les ventes de drogues sont publiques et notoires. Vous savez très bien où se trouvent les délinquants. Alors pourquoi est-ce si difficile d'y mettre un frein?".


Le fonctionnaire du ministère ne pourra qu'acquiescer: "Je dois reconnaître que vous n'avez pas tort". Parmi les mesures mises en place par l'Exécutif, figure le projet de Police communale qui devra travailler étroitement avec les communautés organisées. "Les hommes qui m'accompagnent sont là pour vous écouter et vous obéir. C'est vous qui devez contrôler la police et eux doivent être vos subordonnés".


Note :


Un long reportage sur le thème de l'insécurité au Venezuela sera publié prochainement dans le quotidien suisse Le Courrier. Des passages seront probablement publiés sur ce blog par la suite.

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