mercredi 22 septembre 2010

"Il faut plus de pression populaire"

En mai dernier, le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) a soumis au vote de ses militants la sélection des candidats qui le représenteront aux élections législatives de ce 26 septembre. A cette occasion, plus de 2,5 millions d'affiliés s'étaient déplacés pour participer au scrutin interne. Un chiffre important mais qui représente en fait moins de 40% des plus de 7 millions de membres que revendique le parti. D'après Raúl Cazal, directeur d'El Dipló, l'édition vénézuélienne du Monde diplomatique, ces 2,5 millions de personnes qui se sont déplacées pour les primaires sont celles que l'on peut vraiment considérer comme des militants: "Les 7 millions soutiennent le processus, ils sont là, attentifs à ce qui se passe, mais ne s'intègrent pas tous dans la discussion politique. Cependant, 2,5 millions de militants cela reste énorme, dans n'importe quel pays".

L'ambition du PSUV depuis sa création était de permettre à de nouvelles figures d'émerger, mais jusqu'à présent les principaux leaders du parti restent des cadres qui occupent les hautes fonctions du gouvernement. L'élection interne a cependant permis un certain renouveau. "Beaucoup de candidats du parti pour les prochaines élections sont des personnes inconnues jusqu'ici. Cela va incontestablement changer le visage de l'Assemblée nationale", assure M. Cazal, qui est également vice-président de l'Agencia Venezolana de Noticias, l'agence de presse officielle. Effectivement, lors du scrutin interne de mai dernier, seuls 22 députés sortants ont été reconduits en tant que candidats à 110 postes disponibles (vote nominal), pour lesquels s'affrontaien 3500 "pré-candidats". Par ailleurs, 52 candidats supplémentaires (vote liste) ont été désignés directement par le président du PSUV, qui n'est autre que Hugo Chávez. Ces 52 noms sont quant à eux issus, pour la plupart, de l'appareil traditionnel.

Le vote de la base a donc, d'une certaine manière, puni les députés sortants. Et il faut dire qu'ils n'ont pas vraiment la cote, même auprès des citoyens qui soutiennent le "chavisme". Malgré la majorité absolue dont il a disposé durant ces cinq dernières années, de nombreux projets de loi sont restés au frigo, comme ce fut le cas de la loi permettant de mettre sur pied un système national coordonné de santé publique ou encore la nouvelle loi sur le travail (comprenant la réduction du temps de travail et la création de conseils de travailleurs dans les entreprises). La loi sur le contrôle des armes se trouve, quant à elle, toujours en discussion au sein de l'Assemblée, son traitement a été "réactivé" récemment après la dure campagne des médias d'opposition sur le problème aigu de la violence urbaine. Le retour de l'opposition au parlement serait-il salutaire afin de dynamiser le camp présidentiel? Pour Raúl Cazal, élire une nouvelle génération (44% des candidats du PSUV ont moins de 30 ans) ne suffit pas: "Je pense que nous avons besoin de plus de pression populaire, pas seulement la pression du président, ni celle de la contre-révolution. Nous avons besoin de la pression de ceux qui sont de notre côté, du côté du socialisme. Parce que sans cela, sans la mobilisation populaire, nous ne parviendrons à aucun changement et les députés continueront à s'endormir sur leurs lauriers".




Article publié dans le quotidien suisse Le Courrier le 21 septembre 2010

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