mardi 9 décembre 2008

"S'ils continuent comme ça..."

"Combattre, révoquer, avancer". (Photo: Seb)

"S'ils continuent comme ça, nous prendrons les armes!" (1), scandaient quelques centaines de jeunes jeudi dernier dans le centre de Caracas (2). Ils faisaient référence aux menaces, expulsions et agressions dont ont été victimes ces derniers jours les médecins cubains, mais aussi les étudiants vénézuéliens des différentes missions sociales dans les états et municipalités gagnées par la droite lors du scrutin régional du 23 novembre. (3)


En réaction à ces agressions répétées, quelques collectifs militants, médias communautaires, conseils communaux, etc., avaient convoqué une manifestation qui s'est terminée par la "décoration" (voir la photo ci-dessous) du siège de la Mairie du grand Caracas (remportée par le candidat de l'opposition, Antonio Ledezma), en guise d'avertissement.

"Ledezma dehors. Il n'y a pas de peuple vaincu".
Les graffeurs s'en sont donné à coeur joie.
(Ph: Seb)

Mais la droite, elle, ne s'est pas limitée aux avertissements. Le 27 novembre dernier, trois syndicalistes de l'UNT (Union nationale des Travailleurs) ont été assassinés dans l'état d'Aragua, l'une des régions ouvrières les plus combatives du pays. Par ailleurs, un dirigeant paysan a également été assassiné dans l'état de Portuguesa début décembre. (4)

Ces crimes sont l'oeuvre de "sicarios" (tueurs à gages) et restent malheureusement monnaie courante au Venezuela où 216 dirigeants paysans ont perdu la vie ces dix dernières années (5). D'autre part le 28 novembre, Stalin Pérez Borges, coordinateur national de l'UNT, déclarait au nom du collectif Marea Socialista que pour retrouver les auteurs de ces crimes "nous ne pouvons compter sur la justice ordinaire, car c'est la même qui condamne les travailleurs".

Le syndicaliste réclamait la création d'une commission spéciale "à laquelle participent les centrales ouvrières et dont les résultats aient force de loi" et demandait à l'Assemblée nationale (Parlement) d'habiliter rapidement cette commission.

Selon Pérez Borges, les travailleurs "ne peuvent tolérer qu'il ne leur reste que le chemin de l'enquête postérieure à cet abject assassinat. C'est pourquoi nous appelons immédiatement à l'organisation des autodéfenses ouvrières et populaires. Le gouvernement doit fournir les ressources nécessaires pour l'entraînement et la défense armée des travailleurs et de leurs dirigeants".

"Ce ne sera pas la police corrompue, et dans de nombreux cas directement coupable d'assassinats, qui va prévenir ces crimes. Ce seront nous, les travailleurs. C'est pourquoi nous proposons: enquête, punition et organisation de nos propres autodéfenses contre le fascisme", concluait-il lors de déclarations à la presse.

Quelques photos supplémentaires de la manifestation du jeudi 4 décembre, juste pour le plaisir:


Des collectifs étaient venus de différents quartiers de la ville. (Ph: Seb)

"Mc Merde, dehors!".
Un "fast-food impérialiste" se trouvait sur le chemin de la manifestation... pas de chance. (Ph: Seb)

Malgré l'importance des revendications, la musique n'a pas fait défaut lors de la mobilisation. (Ph: Seb)

Notes:

(1) "Si siguen con la vaina, tomaremos las armas!".
(2) Voir le post ci-dessous.
(3) Voir aussi sur ce blog Elections régionales au Venezuela: la bataille reste à venir.
(4) Lire Fernando Esteban, Situation tendue au Venezuela après les élections, in Rouge.
(5) Ibid.

Aucun commentaire:



Creative Commons License

Les visuels et textes publiés sur ce blog sont sous
licence creative commons

Si vous souhaitez utiliser l'un de ces éléments, merci de me contacter