mercredi 25 avril 2007

La révolution bolivarienne sur le chemin de l'unification

Article publié dans La Gauche, mai 2007

L'une des grandes tâches actuelles du processus vénézuélien est l'unification des révolutionnaires sous une même bannière. Le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV), nom provisoirement donné à la future force politique bolivarienne, suscite actuellement le débat au sein du camp chaviste. L'occasion d'écarter définitivement bureaucrates et opportunistes ?

L'idée mûrissait depuis plusieurs mois déjà, elle est maintenant activée. Dans un premier temps, le "Commandante" avait nommé une "commission promotrice" afin de déterminer la meilleure manière de démarrer la construction du parti uni. A l'heure actuelle, plus de 14 000 jeunes "propulseurs" sillonnent le pays avec la tâche de recenser tout militant désirant s'investir dans cette initiative. Une fois le recensement complété, des délégués seront élus par la base afin de représenter leur circonscription lors du congrès de fondation de l'organisation, prévu dans le courant l’année.

Cependant trois partis membres de la coalition gouvernementale refusent pour l'instant de se dissoudre. Il s'agit de trois des quatre principales forces politiques du pays: Pour une Démocratie Sociale (PODEMOS), Patrie Pour Tous (PPT) et le Parti Communiste du Venezuela (PCV). Les trois formations ont assuré qu’elles continueraient à appuyer le gouvernement tout en se maintenant hors du PSUV.

Mais le discours de plus en plus radical des dirigeants de PODEMOS face à l’initiative de Chávez laisse présager un possible rapprochement de certains d’entre eux avec l’opposition. C’est ce que déclarait récemment Iván Gutiérrez, ex-secrétaire général pour la section de Caracas et qui a quitté PODEMOS avec quelques 300 autres cadres moyens et près de 2 000 militants. "Ils vont se retrouver avec une coquille vide parce que 80 % du parti, dirigeants et militants, vont suivre l’appel du président" ajoutait-il. Le PPT fait également face à des départs mais dans une moindre mesure.

La conscience révolutionnaire

Le PCV appelle quant à lui à la création d’un large front anti-impérialiste. Edgar Lucena, membre du comité central et député à l’Assemblée nationale, affirme que "l’étape actuelle est une étape de libération nationale. Nous devons conquérir notre indépendance totale face à l’impérialisme nord-américain. Tous les acteurs sociaux participeraient à ce large front. Y compris la petite bourgeoisie et les secteurs économiques qui se sentent affectés par la politique hégémonique du gouvernement US et qui, d’une façon ou d’une autre, ont aussi des positions nationalistes. Cette bourgeoisie s’identifierait à ce front anti-impérialiste. Ce qui ne sera pas le cas avec le PSUV." Discours fort peu ambitieux pour un parti qui se prétend l’avant-garde révolutionnaire...

Chávez sait que pour approfondir la révolution il a besoin de cet outil que constituera le parti. Une organisation de base capable d'alimenter le « proceso » en idées et en futurs cadres. Et dont la tâche fondamentale sera de créer une véritable conscience révolutionnaire, avec comme corollaire indispensable d’évincer les opportunistes et bureaucrates. Mais ce n'est pas le seul outil dans la création de cette conscience. La nouvelle force politique se dessine parallèlement au lancement du troisième moteur de la révolution, "Morale et Lumières" (1), qu’il décrit de la façon suivante : "Education morale, économique, politique et sociale. Bien au-delà de l’école, dans les usines, les ateliers, dans les campagnes, etc. Une véritable secousse morale. Nous avons avancé beaucoup mais il nous reste encore énormément de choses à approfondir (…) Nous devons démolir les vieilles valeurs de l’individualisme, du capitalisme, de l’égoïsme et créer de nouvelles valeurs. Cela ne pourra se faire qu’à travers l’éducation." Au nouveau parti d’agir en digne porteur de cette bannière.

(1) Les 5 "moteurs" de la révolution sont : la loi habilitante, la réforme constitutionnelle, morale et lumières, la nouvelle géométrie du pouvoir et l'explosion du pouvoir communal.

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