lundi 11 juin 2007

Les suites de l’affaire RCTV

Mon voyage à Apure du weekend dernier ne m’a pas permis d’assister à la manifestation de soutien à la décision de l’Exécutif de ne pas renouveler la concession de RCTV. La marche a eu lieu le samedi 02 juin après-midi et a rassemblé plusieurs milliers de personnes dans la capitale vénézuélienne.

Même à
Guasdualito, le Frente Nacional Campesino Ezequiel Zamora (organisation paysanne) avait mobilisé plusieurs de ses membres qui ont effectué les 16h de bus jusque Caracas pour participer à l’événement. Environ 70 chevaux étaient également du voyage, la cavalerie avait pris la capitale !

Je ne m’étonne absolument pas de n’avoir trouvé aucune trace de cette manifestation sur les sites des médias européens (si vous en avez trouvez une, faites-le moi savoir). Alors que la moindre mobilisation de l’opposition fait l’objet de photos, d’articles et même de reportages télévisés, les manifestations en soutien au Gouvernement ne sont même pas mentionnées… Ne constitueraient-elles pas une information au même titre que les autres ?

Le débat

Relevons également une deuxième information qui, je pense, n’a pas non plus été reprise par nos médias libres, neutres et équilibrés. Alors que selon le journal espagnol El País, "avec la fermeture de RCTV, le Lieutenant Colonel Hugo Chávez accélère l’instauration d’un totalitarisme communiste au Venezuela" (1), l’Assemblée nationale a accordé ce jeudi 07 juin un droit de parole aux étudiants de l’opposition. En effet, ces derniers avaient introduit une demande au Secrétariat de l’Assamblée, via le député du parti PODEMOS, Ismael García, afin de disposer d’un droit de parole devant les parlementaires. Les étudiants bolivariens, qui soutiennent le Gouvernement dans sa décision, avaient alors également sollicité un droit d’intervention le même jour.

Pour la première fois dans l’histoire du Venezuela, des étudiants ont été reçus à l’Assemblée nationale et ont pu y exposer leurs opinions ! Il était prévu que 10 représentants de chaque groupe (10 en faveur et 10 contre) puissent s’exprimer durant 15 minutes chacun. De plus, afin que le débat puisse être suivi par un maximum de personnes, celui-ci était retransmis dans son entièreté par toutes les chaînes de télévision et toutes les stations de radio (ce qu’on appelle ici "cadena nacional").

A la surprise générale, après leur première intervention de 15 minutes, les étudiants de l’opposition se sont levés et ont quitté l’hémicycle. Les arguments avancés par l’un de leurs représentants, Jon Goicochea, étaient que "le débat doit se mener dans la rue, dans les universités et non devant une Assemblée nationale qui ne représente qu’un seul secteur de la société". En effet, l’Assemblée n’est composée que de partis alliés au président Chávez, l’opposition ayant boycotté les dernières élections parlementaires de décembre 2005. Mais au-delà d’un simple débat devant le Parlement, il s’agissait là d’une occasion en or d’exposer ses idées devant le pays tout entier !

Ce geste revient pratiquement à se tirer une balle dans le pied. La présidente de l’Assemblée nationale, Cilia Flores, a d’ailleurs commenté : "Ici les étudiants sont libres. Tout comme ils ont eux-mêmes sollicité le droit de parole pour venir exposer leurs idées dans cet espace, ils décident en ce moment de se retirer. Comment pouvons-nous ne pas penser qu’ils n’ont rien de plus à dire ?"

Protégés par la police

Ces mêmes étudiants qui dénoncent depuis des semaines la "répression" et les "atteintes au droit de manifester" de la Police métropolitaine (PM) et de la Garde nationale, ont quitté l’Assemblée protégés par cette même police. En effet, à l’extérieur du Palais législatif étaient rassemblés des centaines de partisans du président Chávez. Ceux-ci, après avoir vu sur les écrans les étudiants de l’opposition abandonner le débat, scandaient en cœur "victoria popular !" (2).

Les leaders estudiantins de l’opposition ayant montré leur crainte de se faire "agresser" par les manifestants, ils ont quitté l’enceinte du Palais escortés dans les camions de la PM qui les ont éloignés du centre ville, afin de les protéger...


(1) (G.) Córdoba, "No llores por mí Venezuela", El País,
http://www.elpais.com/yoperiodista/articulo/Periodista/llores/Venezuela/elpepuyop/20070528elpyop_1/Tes

(2) "Victoire populaire !"

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hé bien, dis donc, des millions de gens se battent dans le monde pour pouvoir être entendus, on leur donne le droit et ils n'en profitent pas. Protester juste pour l'envie de protester, je trouve ça absurde et presque qu'une insulte pour ceux qui se battent et qui n'arrivent pas á se faire entendre. Enfin, voilà, je profite aussi pour te redire bravo pour ce blog, je le trouve super interessant.



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