jeudi 27 décembre 2007

L’heure de la réflexion (et 3)

Electeurs attendant patiemment leur tour lors de l’élection présidentielle de décembre 2006. (Photo : Seb)

Voici la dernière partie de ma réaction à la défaite du "oui" lors du référendum sur la réforme constitutionnelle du 2 décembre dernier.

Vous pouvez consulter ici les deux premières parties :

- Leçon de démocratie à la Chávez (1)

- Leçon de démocratie à la Chávez (2)

A bientôt un mois du référendum, le Venezuela et le proceso sont toujours dans une ambiance "post 2 décembre".

Bizarrement, l’opposition s’est montrée relativement calme depuis la dernière échéance électorale. De nombreuses personnes mentionnent le fait que les opposants ne s’attendaient pas à cette victoire. Tous leurs plans étaient basés sur une défaite et sur une mobilisation de leurs secteurs dans les rues pour délégitimer le processus électoral. Mais une fois la victoire acquise sur le terrain démocratique, plus rien, aucune offensive sur le plan politique si ce n’est l’éternelle guerre médiatique qui fait rage.

Se poursuit également le boycott, par certains secteurs de capitalistes "nationaux", de produits de base tels le lait, le sucre, l’huile, la farine, etc. qui parviennent difficilement à la population. Le phénomène est connu ici comme "desabastecimiento" (littéralement : désapprovisionnement) (1).

On peut facilement imaginer ce qu’aurait été la réaction de l’opposition (et de la "communauté internationale") si le "oui" l’avait emporté avec une marge aussi courte. Les derniers chiffres fournis par le Conseil National Electoral donnent une différence de 1,31 % pour le non dans le premier bloc, et une avance de 2,01 % dans le deuxième. Avec une abstention proche des 44%.

L’opposition est calme donc. Mais le "chavisme", que fait-il ? Bien que le président Chávez ait appelé à l’autocritique le soir même de la défaite, on tarde à la voir venir et le discours "post 2 décembre" continue malheureusement de ressembler à celui utilisé dans les semaines précédant le référendum.

J’ai l’impression qu’on essaie très peu de se plonger dans le pourquoi du rejet de la proposition de réforme constitutionnelle, en se réfugiant derrière l’idée que "les gens ont eu peur, ils n’ont pas compris". Posture fort paternaliste pour un processus qui se veut révolutionnaire et participatif.

Des articles en défaveur de la réforme

Je parlais dans mon dernier article d’un secteur du "chavisme" qui divergeait avec la proposition de réforme sur certains points, comme par exemple l’article 338 qui modifiait les conditions pour décréter l’Etat d’urgence. Ou le 191 proposé par l’Assemblée nationale et taillé sur mesure pour ses propres députés, afin que ceux-ci puissent se réincorporer au Parlement après avoir occupé un poste de ministre ou toute autre fonction publique.

Un point à méditer : ce genre d’article n’a-t-il pas amené une partie des partisans du processus à voter contre la réforme ?

S’il en fut ainsi, on peut en tout cas en tirer un aspect positif : cette population qu’on aurait parfois pu croire "suiviste", qu’on aurait pu qualifier comme "plus chaviste que révolutionnaire" (dans le sens négatif de la personnalisation du processus) viendrait en fait de démontrer son indépendance et sa capacité de peser le pour et le contre.

Signal d’alarme ?

L’autre hypothèse possible, c’est que ce "non vote" (à ne pas confondre avec le vote pour le "non") des 2 800 000 partisans de Chávez qui ne se sont pas déplacés le dimanche 2 décembre pour appuyer la réforme, soit une forme de signal d’alarme envers la gestion parfois franchement inefficace du gouvernement dans certains domaines.

J’ajouterais à cela un signal d’alarme aussi contre la présence d’opportunistes et de corrompus qui mènent la belle vie au sein du gouvernement. Il n’est pas rare d’entendre en rue cette remarque : "Espérons que le Président comprenne qu’il doit faire le nettoyage dans son entourage".

Si des pas importants ont été faits dans de nombreux domaines, des efforts énormes restent à faire dans d’autres aspects extrêmement concrets de la vie quotidienne. Vivant dans un quartier populaire de Caracas depuis maintenant plusieurs mois, les premiers qui me viennent à l’esprit sont les suivants : résoudre l’insécurité, exterminer la corruption et être impardonnable envers l’inefficacité des autorités locales qui se montrent, pour certaines, incapables de résoudre des problèmes aussi basiques que la collecte des déchets.

La réforme constitutionnelle aurait-elle permis d’avancer dans ces aspects ? Certainement. Les conseils communaux et la Réserve militaire auraient pu jouer un rôle actif dans toutes ces problématiques. Cependant ces formes d’organisations existent déjà dans le cadre de la Constitution actuelle. Il suffirait donc de les mobiliser dans ce sens !

Comme dans tous les pays, la droite surfe sur le thème de l’insécurité et les journaux à sensation en remplissent leurs pages. Cependant le problème est bien réel. Le combattre efficacement signifierait agir sur plusieurs fronts : continuer à réduire les inégalités sociales, mettre les bouchées doubles sur l’éducation et la prévention, et surtout réformer ou plutôt révolutionner la police. Corrompus, inefficaces et parfois source d’insécurité eux-mêmes, les corps de police constituent une des couches les plus néfastes de l’appareil d’Etat, qu’il s’agisse tant de la Garde nationale que des polices municipales.

Bref, tous ces facteurs peuvent avoir pesé dans la balance et amené une partie de la population à utiliser l’abstention comme une sonnette d’alarme envers Chávez sur des revendications qui, bien qu’elles soient basiques et émanent d’une vision à court terme, n’en sont pas moins légitimes et demandent une réponse rapide et efficace.

En guise de conclusion personnelle j’identifierais donc 3 causes de cette abstention :

(1) L’abstention par la peur

L’utilisation par l’opposition de la vieille peur du communisme, agitant le démon de la suppression de la propriété privée (alors que celle-ci était reconnue textuellement dans la réforme au coté des autres formes de propriété).

Là on peu dénoncer la propagande de l’opposition mais il est bon de se rappeler que celle-ci n’a rien fait d’autre que son travail. Il faut donc se poser la question de l’efficacité de la propagande du "oui" et surtout revoir la stratégie communicationnelle des médias gouvernementaux et communautaires.

(2) L’abstention par le désaccord

Certains articles n’ont pas convaincus une partie de la population. Etaient-ils vraiment indispensables ? N’ont-ils pas contribué à favoriser l’abstention ?

(3) L’abstention comme signal d’alarme

Ce référendum n’a-t-il pas été l’opportunité pour certains de dénoncer la mauvaise gestion, la corruption et autres tares d’une partie des organismes gouvernementaux et locaux ?

Quel est le pourcentage qui correspond à chacune de ces hypothèses ? Laquelle prédomine ? Difficile à dire. Y a-t-il d’autres raisons ? Certainement.

Ces explications ne sont-elles pas trop basiques ? Peut-être mais elles constituent le quotidien de la majorité de la population. Et bien que le Venezuela essaie de construire une société différente, il reste pour l’instant un pays capitaliste où l’argent fait la loi et détermine la vie des habitants. Comme vous répondent la plupart des chauffeurs de taxi quand vous leur parlez de politique : "Moi si je ne travaille pas, je ne mange pas".

Pour convaincre ces personnes il ne suffit donc pas de leur parler de révolution, il faut que celle-ci soit mise en pratique et qu’elle se traduise en une amélioration concrète dans leur quotidien.

La fin du processus bolivarien ?

Je ne le pense pas. De toutes les défaites électorales possibles, celle-ci était la moins grave. Elle ne remet nullement en cause la situation actuelle du Gouvernement. Réélu en 2006 avec 60 % des voix, le président Chávez continuera donc son mandant jusqu’en 2013.

Depuis 1999, le proceso a avancé dans le cadre de cette Constitution, il peut continuer à le faire même si certains aspects seront plus difficiles à traiter que prévu.

Il n’est pas exclu qu’une nouvelle réforme soit proposée dans les années à venir. Selon la Constitution actuelle, le Président de la République ne peut soumettre qu’une seule proposition à référendum durant un même mandat.

Cependant, la Constitution prévoit également que l’initiative de réforme puisse provenir de 15 % des électeurs inscrits ou de la majorité des députés de l’Assemblée nationale. Un de ces deux secteurs pourrait donc prendre l’initiative d’une nouvelle réforme qui devra dans tous les cas être soumise à référendum.

A noter aussi que l’année 2008 sera de nouveau une année électorale au Venezuela, on votera pour l’élection des maires et gouverneurs des 23 états du pays, ainsi qu’à Caracas. Un rendez-vous à ne pas manquer pour le proceso et peut-être enfin l’opportunité de voir émerger de nouveaux leaders issus des bases populaires.

Notes :

(1) J’ai l’intention de revenir sur ce phénomène dans un prochain article plus détaillé.


Réactions des deux camps

J’avais rédigé cet article il y a déjà près de deux semaines mais j’ai mis du temps à le publier. J’ai donc décidé de reprendre deux réactions plus récentes en relation avec ce que j’affirmais ci-dessus.

L’écrivain et intellectuel vénézuélien Luis Britto García a publié un article le dimanche 23 décembre dans le quotidien Últimas Noticias. En voici un court extrait :

"La réforme constitutionnelle s’est perdue à cause du ‘desabastecimiento’ (désapprovisionnement, voir ci-dessus), la déformation médiatique et la perception du manque d’efficacité dans le combat contre l’insécurité et la corruption. Les administrateurs doivent initier de puissantes actions afin d’éviter que le pouvoir ne se perde pour les mêmes raisons. (…) Les médias du proceso doivent restructurer leur organisation, message et contenu".

De l’autre côté de l’échiquier politique, Yon Goicochea, l’un des dirigeants du mouvement étudiant d’opposition, affirmait dans une interview, le même jour dans le même journal :

"Pour l’instant nous sommes en restructuration, nous mettons tout au point afin d’être plus opérationnels et nous travaillons également sur des propositions de type social que nous présenterons au pays en janvier".

A propos de l’année 2008, Goicochea a d'ores et déjà annoncé l’agenda :

"Je crois que l’année qui arrive sera très conflictuelle, pour la raison électorale, à cause du problème économique et du ‘desabastecimiento’, mais nous avons de l’espoir. Nous pensons que le vénézuélien commence à se réveiller".

jeudi 13 décembre 2007

Nouvelles têtes: le même objectif

(Nuevas Caras: el mismo objetivo)




Un documentaire sur le mouvement étudiant d'opposition au Venezuela.

Nuevas Caras: el mismo objetivo démontre les liens des leaders estudiantins de l’opposition vénézuélienne avec l’organisation serbe Otpor (actuellement Canvas), les institutions du Gouvernement étatsunien, les jeunesses du parti de Silvio Berlsconi et le Vatican. Les connections de ces étudiants s’étendent au Parti Popupaire espagnol, Nuevas Generaciones et la Fondation FAES.

On y explique également les incidents de l’Université Centrale du Venezuela, là où ont eu lieu des affrontements violents durant la campagne contre la réforme constitutionnelle.

Ce documentaire est disponible sur le web, malheureusement pour l’instant uniquement en espagnol.

jeudi 6 décembre 2007

Leçon de démocratie à la Chávez (2)

L’article précédent (Leçon de démocratie à la Chávez (1)) était une réaction globale, à chaud et reprenant en grande partie les déclarations du président Chávez quelques instants après la défaite lors du référendum sur la réforme constitutionnelle. Cet article, plus détaillé, se veut une tentative d’analyse sur le pourquoi de cette défaite et ses conséquences. Même si de ces jours-ci de nombreuses analyses ont été publiées, je ne peux m’empêcher d’apporter la mienne. En voici la première partie :

Dans la nuit du 2 au 3 décembre, les visages étaient tirés dans les bureaux de la chaîne multiétatique TeleSUR, où je me trouvais. Le Conseil National Electoral n’avait pas encore diffusé les chiffres officiels, nous étions tous à l’attente du résultat que l’on savait déjà serré. Chacun essayait d’en savoir un peu plus par ses propres moyens, un sms, un coup de téléphone.

Peu avant 1h une info nous parvient : le "oui" a perdu dans l’Etat du Zulia et à Caracas. Les deux régions les plus peuplées du pays, mauvais signe. Quelques instants plus tard, je contacte par sms un ami présent parmi les observateurs. Sa réponse met fin à mes derniers espoirs : "Enterrement".

Que s’est-il passé ?

Comment a-t-on fait pour perdre 3 millions d’électeurs en un an ? Je pense que cette dernière question n’est pas celle à se poser. Chávez n’a pas perdu 3 millions d’électeurs. D’ailleurs, en se mobilisant au maximum, l’opposition n’a amélioré son score que d’un peu plus de 200 000 voix.

Cependant, cela veut quand même dire que près de 2 800 000 partisans de Hugo Chávez en 2006, n’ont pas voté pour cette réforme. Je ne crois pas trop à l’argument "excès de confiance". Si excès de confiance il y a eu, il s’est trouvé dans la bureaucratie d’Etat, les députés et dans le Comando Zamora (l’appareil de propagande en faveur du "oui") mais certainement pas au sein de la population qui, la plupart du temps, se mobilise en force pour soutenir le proceso.

A force de rejeter la faute de tout ce qui ne va pas à "l’impérialisme", cette bureaucratie se coupe de la réalité et ne regarde plus dans son assiette. L’atterrissage risque d’être douloureux, comme ce fut le cas cette fois.

Mais cet "excès de confiance" et ce manque de mobilisation des structures étatiques ne sont peut-être pas anodins. En effet, quel intérêt aurait un gouverneur ou un maire réformiste à voir la population dotée de plus de pouvoir au détriment du sien ?


Même si cette réforme ne touchait pas la structure des gouvernements régionaux ni des municipalités, elle impliquait quand même l’apparition d’un pouvoir parallèle et une diminution des fonds qui leur parviennent, étant donné qu’une partie du budget de la nation aurait été attribué au pouvoir populaire constitutionnalisé.

On en revient à la vieille question : un gouvernement, aussi progressiste soit-il, va-t-il volontairement se défaire du pouvoir pour le "donner" au peuple ? …Ou le peuple doit-il s’organiser à la base pour s’approprier lui-même le pouvoir qui lui revient ?

Les médias… et l’Eglise

Deuxième point, la propagande du "non". Elle fut massive, intense et basée sur l’émotivité. Tous les secteurs réactionnaires de la société y ont participé, les médias privés, l’Eglise catholique, les partis d’opposition, le mouvement étudiant petit-bourgeois, etc.

Avant même que le contenu de la proposition de réforme ne soit connu, la presse nationale avait déjà lancé sa diatribe. Le dimanche 07 juillet, j’assistais à une conférence de presse de la Conférence épiscopale vénézuélienne (CEV). Lors de cet événement, l’Eglise vénézuélienne exprimait ses "doutes sur le talent démocratique de la réforme constitutionnelle".

Le lendemain, c’est à dire le lundi 08 juillet, reprenant une déclaration d’un des représentants de l’Eglise, le journal d’opposition El Universal titrait en première page : "La réforme constitutionnelle mènera au marxisme-léninisme". La proposition de réforme ne fut connue que lors de sa présentation par le président Chávez plus d’un mois plus tard, le 15 août !

La vielle peur du communisme était donc de nouveau exploitée pour effrayer la population. Bref, on peut imaginer qu’un secteur du chavisme, pas assez formé politiquement, se soit laissé influencer.

Et puis il y a l’autre secteur, celui dont on ne parle que très peu (et c’est à mon avis une grave erreur), le secteur chaviste, populaire, conscient, formé politiquement mais qui n’a pas voté. Militant, ouvrier d’entreprise récupérée, média communautaire, etc. qui n’ont pas voté parce qu’ils divergeaient sur certains articles de la réforme.

Nous y reviendrons, dans la troisième partie de cette analyse...

lundi 3 décembre 2007

Leçon de démocratie à la Chávez (1)

On l’avait affublé de tous les qualificatifs, populiste, dictateur, autoritaire, castro-communiste ; pour les entreprises de communication les autorités vénézuéliennes ne constituaient pas un gouvernement mais un "régime". Depuis huit ans, l’opposition mettait constamment en doute la qualité démocratique du vote électronique vénézuélien (un des systèmes les plus avancés, si pas le plus avancé au monde). On a même pu voir ces derniers mois des milliers d’étudiants manifester, les mains peintes en blanc, la bouche bâillonnée hurlant "l’agonie de la démocratie". Et pourtant.

Et pourtant en ce dimanche 2 décembre, le président Hugo Chávez vient de donner au monde entier et à l’opposition locale une véritable leçon de démocratie. Vers 1h30 du matin, il s’est adressé au pays, à ses partisans mais aussi à ses opposants. "Vous voyez ? Vous vous rendez compte que c’est possible, que c’est le chemin à suivre ? J’espère qu’à partir de maintenant vous oublierez le chemin de la violence et de la déstabilisation de nos institutions" a-t-il dit à ces derniers.

Hugo Chávez venait de reconnaître le rejet de sa proposition de réforme constitutionnelle par la moitié des vénézuéliens. "Nous reconnaissons la décision qu’a pris le peuple. Je tiens ma parole, nous respectons les règles du jeu. Ce n’est pas la première fois, rappelez-vous que nous l’avions également fait lors du référendum révocatoire (1)".

"J’avais un dilemme mais j’en suis sorti, je suis tranquille. Comme j’espère que tous les vénézuéliens seront tranquilles, chacun avec sa position en respectant l’autre. Chaque journée électorale permet à notre pays de mûrir" ajoutait Chávez.
Le dilemme avoué du Comandante était de savoir si les résultats extrêmement serrés qui donnaient un léger avantage au "non", étaient réversibles avec les dernières urnes à dépouiller. "Le dilemme avec lequel je me débattais était de savoir si la tendance allait arriver au point de devenir irréversible ou pas".

"Le Venezuela ne mérite pas de vivre une situation aussi tendue que celle-ci. J’avais cette immense préoccupation de me voir dans la même situation qu’un autre président, aux Etats-Unis, qui a du attendre les résultats des votes venant de bases militaires au Japon. Je ne voulais pas d’une victoire à la Pyrus, mon éthique ne me l’aurait pas permis" expliquait-il.

"Je vous demande à tous de rentrer chez vous. Que ceux qui ont gagné célèbrent la victoire. Mais un conseil, sachez administrer votre victoire, mesurez bien mathématiquement votre victoire".

Et mathétiquement il s’en est fallu de très peu. Après la fermeture des bureaux de vote, certains médias internationaux (2) annonçaient une possible victoire du "oui". Mais plus les heures passaient, plus les visages devenaient tendus dans le camp chaviste et plus les représentants de l’opposition et les médias privés affichaient un optimisme qui laissait présager une victoire du "non".

La réforme se présentait en deux blocs, le bloc "A" reprenait les 33 articles présentés par le Président et le "B" les 36 modifiés par l’Assemblée nationale. C’est finalement par un pourcentage de 50,70 % que le bloc "A" a été rejeté (49,29 % de "oui") et par 51,05 %que le "B" l’a également été (48,94% de "oui"). Le taux de participation a aussi reflété le rejet d’une partie des supporters du président, qui ont préférés ne pas faire le déplacement pour voter.


"Nous n’avons pas réussi, pour l’instant. Mûrissons politiquement et confrontons les processus avec une conviction démocratique qu’ici c’est la démocratie, il n’y a pas de dictature. Je comprends et j’accepte que ma proposition de réforme constitutionnelle est une proposition profonde, intégrale, une équation de pouvoir".

Il fit aussi référence à la campagne médiatique abominable, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, qui s’est abattue sur cette réforme. "Ce peuple a été soumis à un feu nourri d’artillerie de mensonges, de peurs. Mais malgré tous ces subterfuges, que 4 millions de personnes aient voté pour le projet socialiste, c’est un grand saut politique. Nous continuerons à construire le socialisme dans le cadre que nous permet cette Constitution".

En reconnaissant les résultats (ce dont seules l’opposition et les multinationales de la communication doutaient) et en appelant à la confrontation sur le terrain des idées, le président Chávez a montré une fois de plus son talent démocratique au monde entier. A lui et à la base populaire maintenant de faire en sorte que cet échec se transforme en victoire, en victoire morale comme il l’a appelé à le faire, mais surtout en remise en cause des difficultés et des faiblesses qui apparaissent dans la construction du socialisme du XXI ème siècle. Le processus de transformation sociale ne pourra que sortir renforcé de cette confrontations d’idées...

Notes:


(1) En 2004, à la moitié du premier mandat de Chávez, l’opposition avait réussi à rassembler suffisamment de signatures pour convoquer un référendum révocatoire prévu dans la Constitution.

(2) La loi électorale vénézuélienne interdit les médias locaux de diffuser des estimations de résultats avant le premier bulletin officiel du Conseil National Electoral (CNE).


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