lundi 16 mars 2009

L'industrie alimentaire dans la tourmente

Ces dernières semaines le gouvernement vénézuélien a pris le contrôle de la totalité des entreprises productrices de riz dans le pays, et ce pour une période annoncée de 90 jours. Le secteur privé est accusé de ne pas respecter la régulation des prix appliquée à cet ingrédient classique du menu quotidien de la population. Le président Hugo Chávez a par ailleurs ordonné l'expropriation d'une usine de la multinationale Cargill.

La mesure est motivée par le fait que le secteur privé tente de contourner le contrôle des prix en produisant majoritairement des variétés de riz "à saveurs", qui peuvent être vendues jusqu'à trois fois le tarif fixé par l'Etat. La fédération patronale se scandalise et insiste sur le fait que les entreprises "ne peuvent pas vendre à perte", de son côté le gouvernement invoque la "sécurité alimentaire".

"Ils achètent le riz aux producteurs et ils refusent de le produire au prix régulé; c'est pourquoi j'ai ordonné l'intervention de ce secteur de l'agro-industrie", déclarait fin février Hugo Chávez, qui a aussitôt ordonné à la Garde nationale et à l'armée d'appuyer "la prise et l'intervention de toutes les entreprises qui produisent du riz au Venezuela" (58 usines au total).

Le mercredi 4 mars, un autre pas a été franchi avec la décision d'exproprier l'une des usines de la multinationale Cargill, située dans l'état occidental de Portuguesa. Selon les autorités, cette entreprise ne produisait "pas un seul kilo" de riz de base, mais consacrait la totalité de sa production (2400 tonnes par mois) à des variétés de riz non soumises au contrôle de prix.

"Commencez le processus d'expropriation de Cargill, avec en plus une enquête judiciaire car ce qu'ils font est une violation flagrante (de la loi)", a annoncé le mandataire vénézuélien lors d'une réunion du Conseil des ministres. La législation sur la souveraineté et sécurité alimentaire reconnaît en effet les aliments comme un bien d'utilité publique. Elle permet l'expropriation par décret présidentiel des entreprises ne respectant pas ce cadre légal et ce "contre paiement à un juste prix".

Selon les autorités, cette production ciblée de variétés non régulées pourrait provoquer une déficience dans l'approvisionnement des aliments de base. Dans la pratique, on peine à trouver le paquet de riz conventionnel dans les rayons des supermarchés. Plusieurs produits sont d'ailleurs concernés et les entreprises du secteur agroalimentaire doivent désormais respecter des quotas de production de denrées aux prix régulés.

A titre d'exemple, les usines de sucre, de café ou encore de fromage, doivent destiner 95% de leur production à la version régulée du produit. Les 5% restants pouvant être destinés à des variantes au tarif libre. En ce qui concerne le riz, la quantité régulée doit correspondre à 80% de la production.

Le président Chávez a averti que la prise de contrôle des usines, prévue normalement pour une période de 90 jours, pourrait mener à d'autres expropriations si les entreprises ne collaboraient pas à l'approvisionnement du pays. Pour sa part, le président de la fédération patronale (Fedecámaras), José Manuel González, s'est dit prêt à dialoguer avec le gouvernement "à condition que le Président s'écarte de son projet politique" qui prône l'instauration du "socialisme du XXIème siècle".

2 commentaires:

Anonyme a dit…

On nous bassine ici avec la morale et la régulation, en redécouvrant hypocritement les vertus de l'intervention-mais-pas-trop de l'Etat... Vive la politique ! Bravo Chàvez !

Anonyme a dit…

Petite précision pour se rendre compte.
Le kilo de riz normal au prix régulé coute 2.2 bolivars.
Le riz "jaune" (avec un colorant) coute 6.5 bolivars.
Or pour faire 14.000 kilos de riz jaune, je dois ajouter 25 kilos de colorants qui me coute...14 bolivars !!!
Faites vos comptes !
R.



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