Mercredi dernier l'opposition a manifesté. Un peu contre tout, un peu en faveur de rien. Parce que "non c'est non" comme dit son slogan. Une manif d'étudiants à laquelle étaient présents de nombreux non étudiants, ainsi que les dirigeants politiques de l'opposition: le député de Podemos (Pour une Démocratie sociale) Ismael García, le maire de la grande Caracas Antonio Ledezma et Oscar Pérez, meneur du fameux "Commando national de la Résistance", une organisation aux idées d'extrême droite mais heureusement aux rangs peu fournis.
Le cortège est parti de l'Université centrale du Venezuela (UCV) et s'est rendu jusqu'au siège du ministère de l'Education supérieure, où une délégation composée de représentants des étudiants et des autorités universitaires (qui avaient elles aussi appelé à manifester) a été reçue par le Ministre. Ils y ont remis un document. Leur argument principal est que le gouvernement a réduit le budget des universités de 6%. En réalité, c'est tout le budget de l'Etat qui fut récemment réduit de 6% à cause de la crise économique mondiale et de la chute des prix du pétrole qu'elle a entraînée.
L'Exécutif demande aux universités de ne pas faire porter le poids de cette réduction aux étudiants ni aux ouvriers des établissements mais plutôt de couper dans les frais non indispensables et dans les dépenses luxueuses des hauts fonctionnaires (1). Mais au Venezuela les universités (tant privées que publiques) sont autonomes et décident donc elles-même comment elles vont appliquer cette réduction. L'occasion était trop belle, donc, pour ne pas tenter de remobiliser ce bon vieux mouvement étudiant aux mains blanches; même si la réputation de celui-ci a perdu de sa blancheur depuis que ses principaux leaders se sont ouvertement investis dans les partis politiques de l'opposition.
Rappelons également que, selon le journal Ultimas Noticias de ce dimanche, l'Assemblée nationale (Parlement) et plusieurs groupes universitaires "chavistes" ont exhorté l'inspection générale des Finances (Contraloría General de la República) à ouvrir une enquête sur la manière dont les universités publiques investissent leur budget. Ces dernières nient pour l'instant tout audit sur leurs finances internes (un comble pour des universités publiques, le tout sous le couvert de "l'autonomie") et, d'après le quotidien, "elles n'ont toujours pas expliqué, par exemple, pourquoi en 2008 elles n'ont pas utilisé 45% de leur budget, alors qu'aujourd'hui elles dénoncent la réduction de 6%".
Globovision
Par ailleurs, la guerre médiatique est de nouveau sur le tapis. Avec cette fois l'entreprise privée de communication Globovision au milieu du jeu de quilles. "Nous allons en finir avec ce fou armé d'un fusil (2) ou je ne m'appelle plus Hugo Chávez", a averti récemment le Président vénézuélien en visant le directeur de la chaîne, Alberto Federico Ravell. Relançant ainsi le débat sur les médias et, par la même occasion, toute la campagne pour la "liberté d'expression".
Une erreur politique de Chávez? Une attaque frontale à Globovision le serait probablement. Il est évident qu'une fermeture de la chaîne, même si elle est réclamée par certains militants du mouvement populaire, réveillerait les mobilisations et serait une occasion pour l'opposition de se refaire une santé. Nous aurons l'occasion de revenir sur le sujet dans les semaines qui viennent.
Bref, l'opposition a manifesté mercredi dernier: Lunettes de soleil, casquettes aux logos de Globovision ou RCTV, petit parasol pour les dames les plus chics. La classe moyenne était dans la rue, "moyennement riche, moyennement cultivée" comme disait le poète uruguayen Mario Benedetti, décédé la semaine dernière. En prenant quelques photos de la mobilisation, je n'ai pu m'empêcher de repenser à ce texte génial. En hommage a Benedetti, monument de la poésie latino-américaine; mais aussi comme "légende poétique" pour accompagner les clichés de la manifestation, je publie ci-dessous son "Poème à la classe moyenne", d'une brûlante actualité.
Le cortège est parti de l'Université centrale du Venezuela (UCV) et s'est rendu jusqu'au siège du ministère de l'Education supérieure, où une délégation composée de représentants des étudiants et des autorités universitaires (qui avaient elles aussi appelé à manifester) a été reçue par le Ministre. Ils y ont remis un document. Leur argument principal est que le gouvernement a réduit le budget des universités de 6%. En réalité, c'est tout le budget de l'Etat qui fut récemment réduit de 6% à cause de la crise économique mondiale et de la chute des prix du pétrole qu'elle a entraînée.
L'Exécutif demande aux universités de ne pas faire porter le poids de cette réduction aux étudiants ni aux ouvriers des établissements mais plutôt de couper dans les frais non indispensables et dans les dépenses luxueuses des hauts fonctionnaires (1). Mais au Venezuela les universités (tant privées que publiques) sont autonomes et décident donc elles-même comment elles vont appliquer cette réduction. L'occasion était trop belle, donc, pour ne pas tenter de remobiliser ce bon vieux mouvement étudiant aux mains blanches; même si la réputation de celui-ci a perdu de sa blancheur depuis que ses principaux leaders se sont ouvertement investis dans les partis politiques de l'opposition.
Rappelons également que, selon le journal Ultimas Noticias de ce dimanche, l'Assemblée nationale (Parlement) et plusieurs groupes universitaires "chavistes" ont exhorté l'inspection générale des Finances (Contraloría General de la República) à ouvrir une enquête sur la manière dont les universités publiques investissent leur budget. Ces dernières nient pour l'instant tout audit sur leurs finances internes (un comble pour des universités publiques, le tout sous le couvert de "l'autonomie") et, d'après le quotidien, "elles n'ont toujours pas expliqué, par exemple, pourquoi en 2008 elles n'ont pas utilisé 45% de leur budget, alors qu'aujourd'hui elles dénoncent la réduction de 6%".
Globovision
Par ailleurs, la guerre médiatique est de nouveau sur le tapis. Avec cette fois l'entreprise privée de communication Globovision au milieu du jeu de quilles. "Nous allons en finir avec ce fou armé d'un fusil (2) ou je ne m'appelle plus Hugo Chávez", a averti récemment le Président vénézuélien en visant le directeur de la chaîne, Alberto Federico Ravell. Relançant ainsi le débat sur les médias et, par la même occasion, toute la campagne pour la "liberté d'expression".
Une erreur politique de Chávez? Une attaque frontale à Globovision le serait probablement. Il est évident qu'une fermeture de la chaîne, même si elle est réclamée par certains militants du mouvement populaire, réveillerait les mobilisations et serait une occasion pour l'opposition de se refaire une santé. Nous aurons l'occasion de revenir sur le sujet dans les semaines qui viennent.
Bref, l'opposition a manifesté mercredi dernier: Lunettes de soleil, casquettes aux logos de Globovision ou RCTV, petit parasol pour les dames les plus chics. La classe moyenne était dans la rue, "moyennement riche, moyennement cultivée" comme disait le poète uruguayen Mario Benedetti, décédé la semaine dernière. En prenant quelques photos de la mobilisation, je n'ai pu m'empêcher de repenser à ce texte génial. En hommage a Benedetti, monument de la poésie latino-américaine; mais aussi comme "légende poétique" pour accompagner les clichés de la manifestation, je publie ci-dessous son "Poème à la classe moyenne", d'une brûlante actualité.
Face aux mains blanches des étudiants,
la Police métropolitaine a laissé les armes au vestiaire. (Ph: Seb)
la Police métropolitaine a laissé les armes au vestiaire. (Ph: Seb)
Poème à la classe moyenne
Classe moyenne
moyennement riche
moyennement cultivée
entre ce qu'elle croit être et ce qu'elle est
il existe une distance moyennement grande
Du milieu elle regarde à moitié mal
les noirs
les riches, les sages
les fous
les pauvres
Si elle écoute un Hitler
elle apprécie à moitié
si c'est un Che qui parle
à moitié aussi
Au milieu de rien
elle doute moyennement
comme tout l'attire (moyennement)
elle analyse à moitié
tous les faits
et (à moitié confuse) elle descend dans la rue avec des demi-casseroles
elle arrive alors à moyennement attirer l'attention
de ceux qui dirigent (à moitié dans l'ombre)
parfois, parfois seulement, elle se rend compte (à moitié tard)
qu'on l'a utilisée comme pion
dans un jeu d'échec qu'elle ne comprend pas
et qui ne la converti jamais en Reine
Ainsi, à moitié rageuse
elle se lamente (à moitié)
d'être le moyen grâce auquel les autres mangent
ces autres qu'elle n'arrive pas à comprendre
même pas à moitié.
Mario Benedetti (3)
Notes:
(1) Voir aussi sur ce blog "Le Venezuela trace la voie d'une réponse progressiste à la crise".
(2) "Ese loco con cañon...".
(3) La traduction est de la voix du sud.
2 commentaires:
je vous rejoins sur bien des points, bravo pour votre article !
Interessant. Je voudrais savoir si vous croyez être partie d'une autre classe sociale. Je voudrais savoir si vous pensez que les Arne chacon et les membre de la famille du président font partie de la classe des travailleurs.
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