samedi 13 décembre 2008

Le Venezuela soigne sa dépendance à l’or noir

Depuis l'éclatement de la crise économique et financière, le gouvernement vénézuélien se veut rassurant sur un point: le pays est assez solide économiquement pour résister aux remous de la récession mondiale. Cependant celle-ci, accompagnée de la baisse des prix du pétrole, remet sur le tapis un des principaux objectifs de Caracas, s'affranchir de sa dépendance à l'or noir et développer le secteur productif.

Le 29 octobre dernier, le premier satellite vénézuélien était mis sur orbite depuis la province chinoise du Sichuan. Le satellite Simon Bolivar, ou Venesat-1, est l'aboutissement d'une coopération de près de trois ans avec la Chine, "le seul pays qui ait garanti le transfert de connaissances à des vénézuéliens", précise le Ministère de la Science et la Technologie.

Car au delà des apports pratiques du satellite lui-même (en matière de télécommunications, d'éducation dans les zones les plus reculées du pays, etc.), c'est surtout le transfert de technologies qui intéresse Caracas, afin d'œuvrer au "développement intégral du pays". "L'idée est de fabriquer un second satellite ici au Venezuela", avance déjà la ministre en charge du projet, Nuris Orihuela.


Et la collaboration avec le géant chinois ne s'arrête pas là. En mai dernier, les deux pays ont annoncé la création d'un fond commun de 6 milliards de dollars, qui devrait prochainement doubler sa capacité à 12 milliards. Cet apport permettra de développer des projets dans les secteurs du logement, des infrastructures et transports, des industries de base, de l'énergie, de la santé, de l'éducation, ou encore de l'agriculture.

Cette dernière est prioritaire avec 35% du fond assignés. Il faut dire que la souveraineté alimentaire est l'un des principaux champs de bataille de la révolution bolivarienne. Même si le gouvernement affirme avoir augmenté de près de 25% la production agricole depuis 1998, les autorités reconnaissent que les effets sur l'approvisionnement des produits de base ne se feront pleinement sentir qu'au cours des quatre prochaines années.

Du cacao au pétrole

"Tout au long de son histoire le Venezuela a été un pays monoproducteur. Depuis l'époque où nous exportions du cacao, ensuite le café vers la moitié du XVIII ème siècle, et finalement l'exportation pétrolière depuis le début du XX ème", explique Alfonso Alvarez, membre de l'Association bolivarienne d'Economie socialiste.

Cette monoproduction se répète donc de façon cyclique dans l'histoire du pays, même si avant l'apogée de l'or noir l'agriculture avait acquis un certain niveau de développement "qui a été balayé par la production pétrolière" au siècle dernier.

Mais du côté de l'opposition on tire à boulets rouges sur la politique économique et productive du gouvernement. "Nous assistons à l'affaiblissement systématique et progressif de l'appareil productif privé", assénait encore récemment Miguel Henrique Otero, directeur éditorial du journal d'opposition El Nacional.

Pourtant la politique gouvernementale, si elle met effectivement l'accent sur le secteur public et les entreprises dites "de production sociale" coopératives ou cogestion coopératives-entreprises publiques), n'en délaisse pas pour autant le secteur privé. Le fond commun avec la Chine, par exemple, n'exclut pas les entreprises privées ou mixtes et apportera même l'équivalent de 500 millions de dollars afin d'inciter leur participation dans des projets d'envergure. D'autre part, beaucoup reprochent au secteur privé de n'avoir jamais vraiment développé, par le passé, cet appareil productif qu'il réclame aujourd'hui.


"L'économie rentière s'est aggravée avec la copie du modèle consumériste nord américain et cela mène à ce que personne ne prenne de prévisions pour demain; cela mène à penser que la prospérité des ressources pétrolières atteindra des sommets et ce n'est pas le cas, les aléas de l'économie peuvent nous toucher aussi, cette possibilité existe", résume le ministre de l'Economie et des Finances, Ali Rodriguez Araque.



Article publié dans Le Courrier du 22 novembre 2008

Aucun commentaire:



Creative Commons License

Les visuels et textes publiés sur ce blog sont sous
licence creative commons

Si vous souhaitez utiliser l'un de ces éléments, merci de me contacter