Article publié dans La Gauche, mai 2007
"Non à la fermeture de RCTV !" Cette phrase est devenue la litanie de l'opposition antichaviste. Elle a même résonné jusque Bruxelles et Strasbourg. Marcel Granier, le propriétaire de la chaîne privée Radio Caracas Television (RCTV) entend en effet dénoncer cette "censure" devant les institutions européennes. Reporters Sans Frontières est également monté au créneau pour défendre la "liberté d'expression". Et pourtant, il s'agit une fois de plus d'une campagne mensongère visant à discréditer une mesure légitime qui (et il important de le souligner) n'a rien à voir avec une quelquonque fermeture.
Les faits sont clairs : la concession de la fréquence hertzienne accordée par l’Etat vénézuélien à Radio Caracas Télévision pour une durée de 20 ans prend fin le 27 mai, elle ne sera pas renouvelée. La chaîne privée ne pourra donc plus émettre en fréquence VHF (1), mais cela n'implique ni expropriation ni interdiction de fonctionnement. Car si la fréquence appartient bien à l'Etat, les bâtiments, les infrastructures et le matériel appartiennent quant à eux au groupe privé Uno Broadcasting Caracas, actionnaire majoritaire de RCTV. Marcel Granier et ses journalistes pourront donc continuer à s'exprimer librement par le câble ou par satellite.
"S'il s'agissait d'une mesure politique, nous aurions ouvert une procédure administrative et plusieurs chaînes de télévision auraient été fermées dans les jours qui ont suivi le coup d'Etat du 11 avril (2002), puisque nous savons qu’elles y ont participé activement", a précisé le ministre du Pouvoir populaire pour les Télécommunications et l'Informatique, Jesse Chacón. En effet, les médias privés et particulièrement RCTV ont joué un rôle actif lors du coup d'Etat d'avril 2002, incitant à la violence et au renversement du président. Cependant, le gouvernement n'a jamais pris aucune mesure de censure. Et la non rénovation de la concession n'en est pas une. Elle s'inscrit au contraire dans la ligne de la constitution approuvée par référendum en 1999 et qui proclame la démocratisation des médias.
Qu'adviendra-t-il du canal 2 ?
Aujourd'hui, le gouvernement bolivarien a décidé de socialiser le canal 2, fréquence utilisée par RCTV, qui deviendra libre à partir de ce 28 mai. Le débat mené actuellement au sein de la société vénézuélienne est de savoir quel type de télévision remplacera RCTV ? Les propositions avancées jusqu’à maintenant parlent d'une chaîne donnant la priorité et le choix de la programmation aux coopératives et aux producteurs nationaux indépendants. Un média de service public, financé par l'Etat mais non contrôlé par l'Etat. Une fois de plus, les Vénézuéliens cherchent leur propre voix, la voix de toute la communauté, pour que la population crée la télévision dont elle a besoin et non, comme cela a été le cas jusqu'à maintenant, que les médias façonnent la population en fonction de leurs intérêts financiers.
(1) Au Venezuela, selon le ministère des Télécommunications, le secteur privé contrôle 78% des chaînes de télévision VHF et l’État 22%. En UHF, 82% sont privées, 7% publiques et 11% communautaires.
1 commentaire:
Interesting to know.
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