dimanche 29 avril 2007

A quand une aube pour l’Europe ?

Désirant m'informer sur ce qu'il se passe en Europe, je lisais récemment les chroniques du chercheur altermondialiste Raoul Marc Jennar. Textes d'une grande utilité si l'on veut comprendre les politiques perverses menées par l'Union européenne et plus particulièrement par la Commission (1). Privatisation de l'eau, destruction des services publics, les "quatre libertés" (liberté de circulation et d’établissement des marchandises, des capitaux, des services et des personnes), etc. Bref, pas de quoi vous donner envie de rentrer sur le Vieux Continent. Surtout lorsque de l'autre côté de l'Atlantique résonne un discours que mes oreilles d'Européen ne sont pas habituées à entendre. On parle en effet de solidarité, de collaboration, de développement de services publics, de coopération en matière d'enseignement, en matière de médecine, etc.

Ce week-end se tient au Venezuela le sommet de l'ALBA (Alternative bolivarienne des Amériques, "alba" signifie aussi "aube"). J'ai donc pensé qu'il pouvait être utile de donner une définition un peu plus précise de ce qu'est cette Alternative, afin de démontrer que les politiques menées par nos dirigeants européens et nationaux ne correspondent non pas à une fatalité mais bien à une réelle volonté d'approfondir toujours plus les réformes néolibérales, aux dépends des acquis sociaux.

J'ai choisi de traduire un article de Miguel Lozano, journaliste de l'agence de presse Prensa Latina, publié cette semaine dans le quotidien économique Reporte (2) dont voici les principaux passages :

Sommet Amérique latine – Caraïbes

Photo : Seb

"A bas le capitalisme", les murs ont des visages à Caracas...

Les leaders du Venezuela, de Cuba, de la Bolivie et du Nicaragua se réunissent ce samedi 28 avril à Barquisimeto (ville de l'Etat de Lara, au Venezuela). Il s'agit d'une réunion dans le cadre de l'ALBA (Alternative bolivarienne des Amériques), qui vise la consolidation et le probable élargissement de cette initiative (3).

La rencontre devra mettre en lumière les perspectives de ce projet qui, dans de nombreux domaines, constitue une initiative aux caractéristiques propres et prétend avoir une portée plus large que les habituels accords économiques et commerciaux.

Dès ses débuts, avec la signature de l'accord originel entre les présidents vénézuélien, Hugo Chávez et cubain, Fidel Castro, le 14 décembre 2004 ; l'orientation s'est focalisée sur la coopération et la complémentarité, avec un important contenu social.

En effet, l'ALBA inclut des accords tels que la construction d'une raffinerie au Nicaragua, avec une capacité de 150 000 barils par jour, ou encore la formation par Cuba et le Venezuela de 200 000 médecins latino-américains en 10 ans, ainsi que des campagnes d'alphabétisation.

Selon Chávez, l'ALBA donne à l'intégration économique une dimension culturelle (une maison d'édition de l'ALBA a déjà été crée), sociale, éducative, scientifique et même sportive. Le tout sous des formes pour l'instant encore en construction au cours ce qui peut être considéré comme la deuxième phase du projet.

Un des aspects significatifs est l'orientation flexible donnée à ce projet qui, rappelons-le, est surgit comme une alternative au projet de Zone de libre Echange pour les Amériques (ZLEA en français, ALCA en espagnol) impulsé par les Etats-Unis dans un cadre clairement néolibéral.

(...)

Un autre élément est la possibilité -également avancée par le président vénézuélien- que sur le chemin de la consolidation de ses mécanismes d'intégration, le projet s'oriente de plus en plus vers les gouvernements régionaux, tels les provinces ou les municipalités.

Dans cette perspective, des organisations sociales, des coopératives ou d'autres instances similaires sur le continent latino-américain pourraient également s'incorporer au projet, par des mécanismes encore à définir.

En février dernier, les premiers ministres de Antigua-et-Barbuda, Dominique et Saint-Vincent-les-Grenadines (…) ont signé une Déclaration politique de soutient à l'ALBA.

Le sommet de Barquisimeto, auquel ont été invités plusieurs pays des Caraïbes, devra éclaircir la portée de cette Déclaration. Le tout sans écarter la possibilité d'inclure d'autres membres. Parmi les déclarations de base de cette initiative, figure la recherche de l'utilisation rationnelle et solidaire des ressources énergétiques des pays latino-américains et des Caraïbes, traditionnellement dominées par des entreprises étrangères.

Mais en termes politiques, l'ALBA se présente comme l'embryon d'une intégration latino-américaine sans précédent, avec une portée difficile à comprendre si l'on se contente d'utiliser les critères traditionnels pour analyser les alliances et les propositions d'intégration.

Bien qu'il reste des aspects à définir par rapport à cette proposition ambitieuse et complexe, sa seule existence dans une région en plein processus de changements mériterait une révision de nombreux concepts acceptés jusqu'à présent comme valides, y compris dans la manière de voir et analyser les alliances.

Prensa Latina - Miguel Lozano

(1) Pour accéder à ces articles, consultez le site de l'Unité de Recherche, de Formation et d'Information sur la Globalisation : www.urfig.org

(2) Miguel Lozano, "Cumbre Latinoamericano-Caribeña", in Reporte, mercredi 25 avril 2007, Caracas

(3) Pour en savoir plus sur l'Alternative bolivarienne des Amériques, consultez le dossier ALBA sur le RISAL

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