jeudi 31 mai 2007

L'opinion de la vice-présidente de l'Assemblée nationale

Les manifestations ont continué cette semaine dans les deux camps. L’opposition a mobilisé, surtout par son mouvement étudiant, tous les jours depuis dimanche. Ce mardi, les étudiants bolivariens ont manifesté en soutien à la décision du gouvernement ainsi qu’en faveur de la nouvelle chaîne de télévision TEVES (qui remplace RCTV sur le canal 2) et une autre grosse manifestation de soutien est prévue pour ce samedi.


Photo : Seb

La vice-présidente de l’Assemblée nationale, Désirée Santos Amaral, à la tribune lors de la séance plénière de ce mardi.

Dimanche dernier, quelques heures avant la fin du signal d’émission de RCTV, j’ai recueilli les impressions de la vice-présidente de l’Assemblée nationale (ndlr : le Parlement), Désirée Santos Amaral. Je reproduis ici ses déclarations :

"Cette décision est un pas en avant. Nous pensons que la naissance d’une télévision de service public au Venezuela va marquer un avant et un après dans la communication. Et nous avons l’espoir que la programmation de cette nouvelle chaîne va donner l’exemple, au Venezuela et au monde, de ce que signifie vraiment une télévision de service public. Une télévision dans laquelle nous pourrons tous nous voir, dans laquelle réellement le message et le média se différencient, qu’ils ne soient pas dans les mêmes mains. Une télévision où les producteurs nationaux indépendants, les créateurs vénézuéliens, auront l’opportunité d’offrir toute la gamme de programmes qui leur ont toujours été refusés dans les médias commerciaux."

A propos du renouvellement des concessions d’autres chaînes privées (1) par la CONATEL (2), la vice-présidente a estimé que "cela démontre que la décision par rapport à RCTV n’a rien avoir avec la politique. Parce que si cela avait été politique, nous aurions révoqué les concessions le 14 avril (ndrl : date du retour du président Chávez à son poste après le coup d’Etat du 11 avril 2002). Toutes, car ils ont tous participé au coup d’Etat (3). Si cela avait été une vengeance, nous aurions pris une décision et personne n’aurait parlé de vengeance à ce moment là, parce qu’une révocation de concession aurait été amplement justifiée."

Elle a rappelé que "cependant, le président Chávez lui-même l’a dit dans son message, au retour de l’enfermement dans lequel il a été maintenu durant 46 heures. A ce moment-là, il invite les propriétaires des médias privés à réfléchir. Il les invite à construire un pays meilleur, il ne les sanctionne pas. Si nous avions pris cette mesure le 14 avril, aucun d’entre eux n’aurait pu dire quoi que ce soi, parce qu’eux-mêmes s’attendaient à ce qu’on leur révoque la concession. Leur participation dans le coup d’Etat avait été tellement évidente, qu’eux-mêmes pensaient qu’on allait les sanctionner."

"Le fait que maintenant on ne renouvelle pas la concession de RCTV alors qu’on le fait avec Venevisión démontre que cela n’est pas une situation politique, que ce n’est pas une vengeance. Le fait est que la portion du spectre radioélectrique qu’occupe RCTV est la plus importante de toutes. C’est la partie du spectre la plus adéquate pour une télévision de service public et pour que tout le pays puisse profiter d’une télévision différente, sans aucun doute" a expliqué Désirée Santos Amaral.

"C’est la meilleure portion du spectre radioélectrique pour mettre en marche un rêve qu’à caressé la société vénézuélienne depuis de nombreuses années. Je suis certaine que les autres chaînes commerciales vont s’adapter car il va y avoir de la concurrence. Il n’y aura pas de monopole ni d’oligopoles, il y aura une véritable concurrence. Et eux, en fonction de cela amélioreront leurs programmes. C’est mon désir et j’y mets toute ma confiance, pour qu’on puisse y voir tous les visages."

Elle a finalement ajouté "et je dis aux secteurs de l’opposition, à ces gens qui utilisent la liberté d’expression pour dire qu’il n’y a pas de liberté d’expression au Venezuela, ce qui est une contradiction ; je leurs dis qu’ils continuent à utiliser la liberté d’expression pour dire ce qu’ils veulent. Mais qu’ils le fassent en respectant les lois de la République. Parce que s’ils essaient de porter atteinte à la démocratie, au projet bolivarien, s’ils essaient de porter atteinte à la stabilité et à la paix au Venezuela, nous réagirons. Alors je leur répète : attendez votre tour, attendez les prochaines élections et osez y participer (4) mais d’ici là, maintenez-vous dans le cadre de la loi."


(1) Et notamment de Venevisión, qui a également joué un rôle actif lors du coup d’Etat d’avril 2002.

(2) Commission nationale des Télécommunications

(3) Lire aussi (M.) Lemoine, "Dans les laboratoires du mensonge au Venezuela", Le Monde Diplomatique, août 2002, http://www.monde-diplomatique.fr/2002/08/LEMOINE/16761

(4) Par ce "osez y participer", Madame Amaral fait référence aux élections législatives de décembre 2005 qui avaient été boycottées par l’opposition, ce qui permit aux partis chavistes de remporter la totalité des sièges.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

bonjour Seb
en fait ce n'est pas un commentaire mais un petit bonjour. Nous venons au sommet de Caracas du 1 au 4 aout 2007. Nous serons à Barinas du 25 juillet au 30 pour une mission "agricole" confiée par l'ambassadeur du Venezuela en France. Nous serions heureux de vous rencontrer pour un échange.
cordialement
Sylvie Mayer auteur de "guide de l'économie équitable voir notre blog http://guideeconomieequitable.blogspot.com



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